Aedes System, un exemple d’entreprise innovante
Le 29 septembre 2015, Raphaël Larvor, chef du service du Développement Économique participait à la présentation d’Aedes System en présence des directeurs de l’IRD, de l’institut Pasteur et de l’incubateur Technopole de l’Adecal. C’est que l’idée de ses gérants, Thierry Suviri et Christophe Put, est tout simplement géniale et emballe tout le monde. C’est en s’adressant à la province Sud que Thierry Suviri remercie : « Depuis plus de deux ans, vous avez participé activement au programme de développement de notre innovation. Votre implication a contribué à l’essor de notre technologie ».
Soutenue par la Province depuis le début
Initialement aidé en 2013 par la DEFE au titre de micro-entreprise, le projet prend rapidement de l’ampleur. En 2014, ses inventeurs Thierry Suviri et Christophe Put reçoivent le Prix « Coup de cœur » des Trophées de l’entreprise. Afin de soutenir la création de cette activité innovante, la DEFE prolonge son soutien via une aide aux études de faisabilité, une aide à la communication commerciale, une aide à la prospection export, une aide à l’équipement, une aide au fonds de roulement et une aide à l’emploi.
Aujourd’hui, la SARL Aedes System envisage un déploiement à l’échelle industrielle et bénéficie du fonds d’amorçage Sud Innovation – Bpi France. L’entreprise a intégré l’incubateur d’entreprises innovantes de l’Adecal, dont le rôle est d’accompagner des projets innovants. Pour financer ses futures dépenses, l’entreprise a souscrit un emprunt bancaire et bénéficie du soutien provincial au titre du CASE.
LA bonne idée
La DEFE y croit. D’abord, Aedes System propose une réponse innovante à un grave problème de santé publique. Elle vise à réduire l’impact des maladies vectorielles, telles que la dengue et le zika, par le contrôle des accès des moustiques aux principaux gîtes larvaires.
Par ailleurs, l’entreprise présente un impact économique intéressant. Elle peut permettre, d’une part, aux collectivités de faire des économies par la réduction des épandages de pesticides et par une diminution des frais liés aux prises en charge des maladies. Elle peut permettre, d’autre part, aux consommateurs d’économiser l’achat de répulsifs. Le projet peut également intéresser d’autres pays tropicaux et ainsi s’exporter, comme le souhaitent les gérants, en développant ultérieurement un système de franchise.
Ce projet présente aussi des atouts en matière de développement durable et de revalorisation de déchets. Ainsi, le granulat de caoutchouc utilisé pour la réalisation des préformés provient du recyclage de PUNR (voir encadré). Ce granulat pourrait être, à terme, être produit en Nouvelle-Calédonie. En effet, selon l’éco-organisme Trecodec, il y a 5 000 tonnes de PUNR par an sur le territoire, dont 50 % sont collectées et stockées à l’ISD (Installation de stockage de déchets) de Gadji.
Success story
Le début de l’aventure débute lors de l’épidémie de dengue de 2012. Thierry Suviri est devenu artisan en maçonnerie en 2000 et s’est spécialisé dans la pose, sur les sols d’extérieur, d’un revêtement poreux élastique composé de granulats de pneus usagés liés par de la résine, couramment utilisé en couverture des pistes d’athlétisme.
En 2012, malgré l’élimination des gîtes larvaires entourant leur domicile, les enfants des promoteurs, domiciliés au Mont-Dore, ont contracté la maladie. En inspectant les abords de leur maison, ils découvrent la présence des larves du moustique Aedes aegypti, vecteur de la maladie, dans les gouttières. Parallèlement, ils lisent dans des publications de recherches entomologiques et sanitaires, menées notamment dans les Caraïbes et en Australie, le rôle prépondérant des gouttières comme gîte larvaire des moustiques. Thierry Suviri et Christophe Put décident alors de les couvrir avec le revêtement caoutchouteux qu’utilise Thierry dans la pose des sols d’extérieur afin d’en filtrer l’accès et ainsi éviter l’eau d’y stagner. Puis, ils créent en décembre 2013 la SARL Aedes System.
Une « mousse » brevetéeAprès de longs perfectionnements techniques, Aedes System propose un agglomérat poreux, comprenant un granulat de caoutchouc et un liant synthétique. Le granulat de caoutchouc est obtenu par broyage des pneus usagés non réutilisables (PUNR). L’agglomérat est perméable à l’air et à l’eau. Il peut être préformé par moulage selon les formes souhaitées. Ces blocs sont alors insérés dans les réceptacles, qui peuvent être aussi bien des gouttières que des avaloirs de voirie. L’élément perméable fait office de filtre, permettant ainsi à la gouttière ou à l’avaloir de continuer à jouer son rôle. Le principe n’est pas la destruction du gîte larvaire, mais bel et bien d’empêcher les moustiques d’accéder à l’eau stagnante dans les réceptacles, tout en assurant la collecte et le drainage des eaux de pluie. Une demande de brevet a été déposée auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en 2013 afin de protéger leur invention. |